Promotion de l’élevage au profit des petits producteurs pauvres du Nord Dakoro Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Oxfam GB Indicateur des résultats en matière d’adaptation et de réduction des risques Septembre 2012 Remerciements : Nous souhaitons remercier les membres du personnel d’AREN et d’Oxfam au Niger pour l’excellent degré de soutien qu’ils nous ont apporté durant cet exercice. Nous tenons à remercier tout particulièrement Abdoulkadri Aboule Yacouba, Seïni Mahamadou, Habibou Hamza et Laouali Hamissou. Photo : Jennie Matthews Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Résumé Conformément au Cadre de performance globale (GPF – Global Performance Framework) d'Oxfam Grande-Bretagne (OGB), certains projets matures sont sélectionnés de façon aléatoire chaque année pour faire l’objet d’une évaluation rigoureuse de leur efficacité. Le projet soutenant la commercialisation du bétail pour les communautés pastorales au Niger figurait parmi les projets sélectionnés pour faire l’objet d’une évaluation de l’efficacité dans le cadre du thème d’adaptation et de réduction des risques (ARR) en 2011/12. Ce projet est mis en œuvre depuis 2009 dans le cadre d’un partenariat avec l’Association pour la Redynamisation de l'Élevage au Niger (AREN) dans la commune de Bermo, située dans le nord de la région de Maradi du Niger. Bien que ce projet se soit concentré sur l’amélioration des moyens de subsistance des ménages pastoraux, en particulier en renforçant leur pouvoir de négociation au moment d’acheter et de vendre du bétail, un autre élément important du projet a été le renforcement de la résilience dans une zone sujette à de graves sécheresses. Afin d’évaluer l’efficacité du programme au moment de réduire le risque et de favoriser la capacité d’adaptation, une évaluation de l’impact quasi-expérimentale a été mise en œuvre. Elle a consisté à administrer des enquêtes auprès de 197 ménages de la commune de Bermo, et auprès de 449 ménages de la commune voisine de Gadèbedji, laquelle a servi de groupe témoin. Au stade de l'analyse, les outils statistiques d'appariement sur le score de propension et de régression à variables multiples ont été utilisés pour tenir compte des différences démographiques et sur le plan des lignes de référence présentes entre les groupes index (groupe de la zone d’intervention) et témoin (groupe de comparaison) ; on a ainsi pu supposer que les différences restantes entre les mesures des résultats traduisent bien les résultats du projet. En plus de recueillir des données sur la réduction des risques et la capacité d’adaptation, l’enquête englobait aussi des questions sur les activités de subsistance, les transactions de bétail et les indicateurs de bien-être des ménages. Diverses difficultés ont été rencontrées lors de l’exécution des activités de l’enquête, qui ont compliqué l’analyse des résultats, mais on peut néanmoins en tirer quelques conclusions avec un degré de certitude raisonnable. Selon l’indicateur global d’Oxfam GB en matière d’adaptation et de réduction des risques, il n’y a pas de différence globale entre les ménages de la commune de Bermo qui sont soutenus par ce projet et les ménages comparables de la commune de Gadèbedji. En particulier, les ménages de la zone d’intervention ne présentaient aucune différence sur le plan du comportement en matière de déstockage ou de migration, de la diversification des moyens de subsistance ou de la diversité du bétail. Malgré l’investissement du projet dans la rénovation des puits dans la commune de Bermo, les ménages de la commune de Gadèbedji étaient tout aussi susceptibles d’utiliser un puits moderne en béton armé pour abreuver leur bétail que ceux de Bermo. D’un autre côté, il est évident que les ménages de la commune de Bermo ont reçu un niveau supérieur de soutien vétérinaire et plus de formation en techniques de gestion de la sécheresse durant 2011 que les ménages témoins. Conformément à l’objectif premier du projet, quelques bénéficiaires (les membres du Groupement des Intérêts Economiques (GIE), une association locale directement soutenue par ce projet) ont signalé avoir reçu plus de formation et de soutien pour commercialiser leur bétail. Ce soutien semble avoir eu un effet : les prix obtenus des ventes de bovins et de moutons par les ménages de la commune de Bermo semblent être systématiquement supérieurs à ceux obtenus dans la commune de Gadèbedji. Au moment de l’enquête, certaines interventions clés devaient encore être mises en œuvre, notamment le transfert de gestion du marché du bétail au GIE, dans le village de Bermo, et la mise en place de dix groupes solidaires axés sur divers produits artisanaux. Cependant, rien n’indique, malheureusement, que la situation économique des ménages de la commune de Bermo s’est globalement améliorée suite aux activités du projet qui avaient été effectuées jusqu’à décembre 2011, ce sur la base de quelque indicateur de revenus et de bien-être des ménages que ce soit. Oxfam en général et l’équipe de pays au Niger et ses partenaires en particulier sont encouragés à tenir compte des points suivants pour donner suite à cette évaluation de l’efficacité : Évaluer les approches de la promotion des activités clés de réduction des risques, y compris le déstockage et la migration. Veiller à ce que les systèmes et processus de suivi et d’évaluation soient pleinement intégrés dans la conception et la mise en œuvre des programmes. Page 1 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Introduction et objectifs Oxfam GB a mis en place un Cadre de performance globale (GPF – Global Performance Framework) afin de mieux comprendre et de mieux communiquer son efficacité tout en renforçant les connaissances au sein de l'organisation. Chaque année, ce cadre prévoit notamment la sélection aléatoire de composantes modestes de projets suffisamment matures (à savoir ceux destinés à être clôturés au cours d’un exercice budgétaire donné), puis leur évaluation rigoureuse. Il s'agit notamment de déterminer dans quelle mesure ils ont initié un changement par rapport aux indicateurs de résultats globaux d’OGB. L’indicateur de résultats globaux pour le thème d’adaptation et de réduction des risques (ARR) se base sur la mesure dans laquelle les ménages adoptent les caractéristiques supposées importantes pour se relever des chocs et s’adapter aux tendances émergentes et à l’incertitude. Cet indicateur est mieux expliqué ci-dessous. Le travail mené au Niger en décembre 2011 et en janvier 2012 s’inscrivait dans un effort visant à recueillir des données sur cet indicateur. Le projet sélectionné au hasard pour être évalué sur le plan de son efficacité, le projet soutenant la commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro (NGRA36), est mis en œuvre depuis 2009 dans le cadre d’un partenariat avec l’Association pour la Redynamisation de l'Élevage au Niger (AREN) dans la commune de Bermo, qui se situe dans la région de Maradi du Niger. Ce projet a pour but de soutenir les moyens de subsistance des ménages pastoraux – en particulier en leur permettant d’augmenter leur pouvoir de négociation lors de l’achat et de la vente de bétail – mais aussi de leur permettre de réduire leur vulnérabilité face aux fréquentes sécheresses qui surviennent dans la zone. Pour atteindre ces buts, il a fallu renforcer la capacité du Groupement des Intérêts Economiques (GIE), une association locale de pasteurs créée avec le soutien d’Oxfam et d’AREN en 2008, pour lui permettre de profiter à l’ensemble de la communauté de pasteurs de la commune de Bermo. Approche de l’évaluation Le projet Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro cherche à soutenir les moyens de subsistance et à améliorer la résilience face à la sécheresse parmi les ménages au niveau de la base populaire. D’un point de vue d’évaluation rigoureuse de l’impact, le meilleur moyen d'évaluer une telle intervention aurait été de limiter sa mise en œuvre à des zones géographiques choisies au hasard, laissant les autres sites en l'état à titre de comparaison (sites témoins). Cette conception de l’évaluation de l’impact est connue sous le nom d'essai contrôlé randomisé par groupe. Si cette conception avait été utilisée, l’impact du projet aurait pu être évalué en comparant directement les indicateurs de résultats pour les ménages qui vivent dans les sites de mise en œuvre et dans les sites témoins. Si tout s’était déroulé sans accroc, le processus de randomisation aurait rendu comparables les ménages des sites d’intervention et témoins, ce à tous les égards, excepté celui de leur participation au projet. Cependant, ce projet n’a pas de fait été mis en œuvre dans des zones géographiques choisies au hasard ; les activités ont été mises en œuvre par l’intermédiaire du GIE dans le but de profiter aux communautés des quatre coins de la commune de Bermo. C’est donc une autre conception de l’évaluation de l’impact qui a été employée. Cette conception est décrite comme une quasi-expérience parce qu’elle cherche à « imiter » ce que fait un essai contrôlé randomisé en identifiant des ménages témoins qui sont similaires aux ménages soutenus, puis en contrôlant statistiquement toute différence mesurée entre eux. Pour mettre en œuvre cette conception de l’évaluation, les membres du personnel d’Oxfam et d’AREN ont identifié la commune voisine de Gadèbedji comme comportant un nombre considérable de ménages pastoraux qui présentent des caractéristiques similaires à celles des ménages bénéficiant d’un soutien dans la commune de Bermo, mais dont on ne pense pas qu’ils ont tiré des avantages considérables des activités du projet. Des questionnaires ont été utilisés auprès de 197 ménages en tout dans la commune de Bermo (y compris 51 qui se sont identifiés comme des membres du GIE) et de 449 ménages dans la commune de Gadèbedji. Diverses difficultés ont été rencontrées sur le plan de la sélection des personnes ayant répondu aux questions, mais le jeu de données obtenues suffit à effectuer une évaluation de l’impact du projet. Au stade de l'analyse, les outils statistiques d'appariement sur le score de propension et de régression à variables multiples ont été utilisés pour tenir compte des différences démographiques et sur le plan des lignes de référence présentes entre les groupes index (de la zone d’intervention) et témoin (groupe de comparaison). Page 2 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Résultats évalués Dans le cadre du Cadre de performance globale d’Oxfam GB, des efforts sont entrepris pour mettre au point une approche novatrice permettant de mesurer la résilience des ménages aux catastrophes liées au climat et leur aptitude à s’adapter au changement climatique. L’un des éléments de cette approche est la collecte de données sur les caractéristiques des ménages et des communautés qui peuvent être classées en cinq dimensions interconnectées : Dimensions ayant une incidence sur l’aptitude des ménages et des communautés à réduire au minimum les risques liés aux chocs et à s’adapter aux tendances émergentes et à l’incertitude Viabilité des moyens de subsistance Potentiel d’innovation des moyens de subsistance Accès aux ressources d’urgence et au soutien Santé des écosystèmes Capacités sociales Mesure dans laquelle les stratégies de subsistance peuvent fonctionner lors de chocs actuels et futurs prévus Aptitude à modifier les stratégies de subsistance suite au changement climatique Possession de ressources d’urgence et accès aux dispositifs de sécurité Intégrité des ressources naturelles et caractère approprié des pratiques de gestion Efficacité des leaders et institutions communautaires au moment de mobiliser l’action collective sur les questions d’ARR Ainsi, l’un des objectifs clés de cette étude était d’évaluer si les ménages résidant dans les sites d’intervention tentaient d’adopter ces caractéristiques en plus grande mesure que les ménages vivant dans les villages témoins. Des données dans ce sens nous convaincraient que le projet parvient à renforcer la résilience. L’évaluation de l’efficacité a donc cherché à obtenir des données indiquant que le projet a eu une incidence sur les caractéristiques, tant dans l’ensemble que pour chaque dimension et caractéristique spécifique. Les caractéristiques spécifiques examinées sont recensées dans le tableau sur la page suitvante. Caractéristiques spécifiques d’ARR examinées dans le cadre de cette évaluation de l’efficacité du projet Dimension Viabilité des moyens de subsistance Caractéristique Diversification des moyens de subsistance Diversité du cheptel (à la mi-2011) Diversité des cultures Accès à l’information sur les prévisions saisonnières Soutien pour la commercialisation du bétail Comportement en matière de déstockage Comportement migratoire saisonnier Accès aux services vétérinaires Formation à la préparation en vue de sécheresses Attitudes relatives au changement et bonne disposition à essayer de nouvelles pratiques Possession de biens convertibles (autres que le bétail) Accès à une source d’eau améliorée pour le bétail Potentiel d’innovation des moyens de subsistance Accès aux ressources d’urgence et au soutien Accès aux ressources naturelles, gestion et santé Page 3 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse De plus, plusieurs autres indicateurs de résultats ont été recueillis afin d’évaluer le succès du projet sur le plan du soutien apporté aux ménages pour les aider à commercialiser leur bétail et à améliorer leurs moyens de subsistance. Globalement, les principales mesures de résultats qui ont été examinées dans le cadre de cette évaluation de l’efficacité étaient : Résultat 1 : Indicateur global d’Oxfam GB en matière d’adaptation et de réduction des risques Résultat 2 : Pouvoir de négociation accru lors de l’achat ou la vente de bétail Résultat 3 : Amélioration des revenus et du bien-être des ménages Il est à noter que certaines activités clés du projet n’étaient pas encore en place au moment de l’enquête, et par conséquent l’efficacité de ces interventions n’a pas pu être évaluée. Le projet soutenait en particulier le GIE pour qu’il prenne en charge le marché du bétail dans le village de Bermo au début de l’année 2012. Cette intervention devait se traduire par de meilleurs rendements pour les commerçants pastoraux, notamment en limitant le recours aux intermédiaires (dilalli) pour le commerce du bétail. De plus, divers groupes solidaires se sont mis en place lors de l’évaluation de l’efficacité, qui devaient avoir, avec le temps, des effets sur les revenus des ménages de leurs membres. Tableau récapitulatif de l'évaluation de l'impact Le tableau récapitulatif cidessous fournit un instantané des principales conclusions de l'évaluation de l'efficacité. Une brève description narrative liée à chaque résultat complète ensuite chaque enseignement clé. Un rapport technique distinct est également disponible ; il fournit une description plus détaillée de la conception, du processus et des résultats de l'évaluation. Le tableau ci-dessous représente le niveau de résultats démontrés, sous la forme d'un système signalétique simple en cinq points, à la manière des feux de circulation. La légende sur la droite explique chaque code couleur. Résultat/Impact Résultat 1 : Indicateur global d’Oxfam GB en matière d’adaptation et de réduction des risques (ARR) Résultat 2 : Pouvoir de négociation accru lors de l’achat ou la vente de bétail Résultat 3 : Amélioration des revenus et du bien-être des ménages Code R Bref commentaire Aucune évidence d’un impact sur la base de l’indicateur global ARR, que ce soit parmi les membres du GIE ou au sein de la population dans son ensemble. Quelques données indiquant que les ménages de la zone du projet ont obtenu des prix supérieurs lors de la vente de bovins et de moutons. Aucune donnée indiquant que les ménages de la zone de projet ont connu des améliorations en termes de revenus, de sécurité alimentaire ou d’indicateurs de richesse. V J R Page 4 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Conclusions de l’évaluation de l’impact Résultat 1 – Indicateur global d’Oxfam GB en matière d’adaptation et de réduction des risques (ARR) R Les personnes interrogées dans le cadre de l’enquête ont répondu à diverses questions sur les activités de subsistance menées par leurs ménages respectifs, sur leurs attitudes face au changement et sur la manière dont ils ont réagi aux sécheresses, afin de permettre une évaluation de la situation des ménages par rapport à chacune des caractéristiques d’adaptation et de réduction des risques recensées dans le tableau figurant en page 4. Chacun des ménages a obtenu une note entre 0 et 3 pour chacune des caractéristiques, les notes supérieures représentant une capacité supérieure à s’adapter ou à réduire les risques, et ces notes ont été additionnées pour donner la note globale ARR pour le ménage. L’indicateur global d’Oxfam GB est le pourcentage de ménages présentant une note supérieure à celle d’un ménage typique (tel que défini par la médiane du groupe témoin). Dans l’ensemble, les résultats de l’enquête n’ont pas révélé de différence considérable entre les notes ARR des personnes de la zone d’intervention (commune de Bermo) et celles se trouvant dans la zone témoin (commune Gadèbedji). Il en était ainsi tant pour les membres du GIE spécifiquement que pour la population de la commune de Bermo dans son ensemble. Il n’y a donc aucune donnée qui indique un impact sur l’indicateur global ARR dans son ensemble. Caractéristiques incluses dans l’indicateur global pour l’adaptation et la réduction des risques (chiffres après appariement par noyau PSM) 2.5 2 1.5 1 0.5 0 Zone d’intervention Zone témoin Cependant, lorsque les données ont été ventilées, des différences importantes se sont dégagées entre les producteurs soutenus et les producteurs témoins pour certaines des caractéristiques ARR. La ventilation des résultats par caractéristique est présentée dans le tableau ci-dessous. La plupart des différences entre les ménages de la zone d’intervention et les ménages témoins dans ce tableau ne sont pas importantes sur le plan statistique : par exemple, au moment où l’enquête a été menée, environ un tiers des ménages avaient entrepris un degré de déstockage pour se préparer à la saison sèche, mais il n’y avait pas de différence détectable dans ce pourcentage ni dans le degré de déstockage entre les zones d’intervention et témoin. Il n’y avait pas non plus de différence considérable entre les ménages soutenus et les ménages témoins en matière de diversification des moyens de subsistance, de diversité des animaux dans le cheptel ou de comportement migratoire. Il y a des données qui indiquent que la gamme de produits cultivés par les ménages soutenus avait en fait diminué, par rapport à la zone témoin, durant la période du projet. L’utilisation des informations sur les prévisions saisonnières est aussi largement plus faible dans la zone du projet que dans la Page 5 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse zone témoin. Environ un tiers des personnes interrogées ont dit utiliser un puits moderne en béton armé pour abreuver leur bétail, sans différence considérable entre les zones d’intervention et les zones témoins à cet égard. Il n’y avait aucun signe d’un effet global sur le degré de soutien reçu en vue de la commercialisation du bétail, mais lorsque les membres du GIE ont été considérés seuls, ils ont de fait signalé bénéficier d’un soutien supérieur dans ce domaine, conformément à l’objectif premier du projet. Les deux domaines dans lesquels les ménages de la commune de Bermo étaient visiblement en meilleure situation étaient leur utilisation des services vétérinaires et l’intensité de la formation qu’ils avaient reçue en matière de préparation en vue des sécheresses. Les résultats positifs sur ces deux caractéristiques, toutefois, ne s’appliquaient pas aux membres du GIE spécifiquement, mais seulement à la population dans son ensemble. V Résultat 2 – Pouvoir de négociation accru lors de l’achat ou la vente de bétail J L’objectif premier du projet était de soutenir les pasteurs pour les aider à obtenir de meilleurs bénéfices lors de la commercialisation de leur bétail, et nombre des activités du GIE se sont concentrées sur cet aspect. Dans le cadre de l’analyse de l’indicateur global, nous avons constaté que les membres du GIE (mais pas la population de la commune de Bermo dans son ensemble) ont signalé avoir reçu plus de formation et de soutien en matière de commercialisation du bétail que les ménages témoins correspondants. Pour déterminer si cette formation avait été efficace au moment d’améliorer leur pouvoir sur le marché, il a été demandé aux personnes interrogées d’indiquer les prix qu’elles avaient payés et ceux qu’elles avaient reçus la dernière fois qu’elles avaient acheté ou vendu du bétail. On leur a également demandé si ces transactions avaient été menées à travers un intermédiaire (dillali), ce que le projet déconseillait. Un aspect très clair qui s’est dégagé est que des intermédiaires ont été utilisés pour la quasi-totalité des transactions de bétail signalées par les ménages – seule une poignée de personnes interrogées avaient effectué des transactions sans avoir recours à un intermédiaire. Cependant, malgré ce fait, il semble que les ménages de la commune de Bermo obtenaient généralement des prix supérieurs lors de la vente de leurs bovins ou de leurs moutons sur le marché. Comme l’illustre le tableau cidessous, c’est dans le cas des bêtes mâles que la différence de prix est la plus flagrante, le surprix obtenu par les ménages de la commune de Bermo oscillant entre 40 et 50 pour cent. Les différences de prix étaient plus réduites mais encore positives pour les ventes de bovins et de moutons femelles. Il y avait trop peu de transactions signalées pour émettre un jugement sur les prix obtenus pour la vente d’autres types d’animaux, ou sur les prix payés lors de l’achat de bêtes. Estimation de la différence en pourcentage entre les ménages soutenus et témoins sur le plan des prix obtenus lors de la vente des bêtes (estimations dérivées de la modélisation par PSM et par régression du logarithme du prix) 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Bovins femelles Bovins mâles Moutons femelles Moutons mâles Estimation maximale Estimation minimale Page 6 Commercialisation du bétail pour les communautés pastorales du Nord Dakoro – Évaluation de l’efficacité du projet – Synthèse Résultat 3 – Amélioration des revenus et du bien-être des ménages R Une variété de mesures des résultats ont été utilisées pour déterminer si le projet avait aidé les ménages à accroître leurs revenus ou à améliorer leur bien-être (ou, tout au moins, à en atténuer le déclin) : La propre évaluation par la personne interrogée de l’augmentation, diminution ou stagnation approximative des revenus de son ménage depuis 2008. L’évaluation par la personne interrogée de la capacité actuelle du ménage à pourvoir à ses besoins fondamentaux grâce à ses revenus sans avoir recours à la vente de biens ou dépendre de l’assistance. La situation du ménage sur le plan de la sécurité alimentaire, mesurée au moyen de six questions adaptées de la Household Food Insecurity Access Scale mise au point par le Food and Nutrition Technical Assistance Programme (FANTA) d’USAID. Un indice des biens appartenant au ménage et des indicateurs de richesse associés, y compris la propriété de biens de production, de biens d’équipement ménager et l’état de son logement. Un indice des troupeaux appartenant au ménage. Dans chacun de ces indicateurs, il n’y avait pas de différence systématique entre les ménages de la commune de Bermo et les ménages comparables de la commune de Gadèbedji, que ce soit en considérant les membres du GIE spécifiquement ou en considérant la population en général. Ainsi, il n’y a pas de donnés qui indiquent que les activités du projet effectuées jusqu’à décembre 2011 aient apporté une contribution significative à l’amélioration des revenus ou du bien-être des ménages. Il convient de noter qu’Oxfam et AREN apportent une assistance humanitaire considérable dans les communes de Bermo ainsi que Gadèbedji depuis 2008. Les données recueillies dans le cadre de cette évaluation de l’efficacité n’évaluent pas l’impact de cette assistance humanitaire, mais seulement celui du soutien supplémentaire apporté par le projet de commercialisation du bétail. Apprentissages programmatiques Oxfam en général et l’équipe de pays au Niger et ses partenaires en particulier sont encouragés à tenir compte des points suivants pour donner suite à cette évaluation de l’efficacité : Évaluer les approches de la promotion des activités clés de réduction des risques, y compris le déstockage et la migration. Malgré l’accent mis par les membres du personnel d’Oxfam et d’AREN au moment de l’évaluation de l’efficacité sur les efforts en vue d’encourager les pasteurs à déstocker leurs troupeaux et à prendre d’autres mesures pour se préparer en vue de la saison sèche, il n’y a pas de données qui indiquent que les ménages soutenus étaient plus susceptibles d’avoir pris ces mesures que les ménages témoins. Il faudrait déterminer si les moyens employés pour transmettre ces messages aux ménages pourraient être renforcés. En particulier, nous recommandons une collaboration avec l’équipe chargée de la politique de programme (Programme Policy Team) afin de tirer les enseignements des bonnes pratiques employées pour encourager des changements de comportement parmi les pasteurs dans le cadre d’autres programmes. Veiller à ce que les systèmes et processus de suivi et d’évaluation soient pleinement intégrés dans la conception et la mise en œuvre des programmes. Le caractère inaccessible de la zone du projet et les risques de sécurité présentés par le travail dans cette zone ont rendu tout particulièrement difficile le suivi étroit de la mise en œuvre de ce projet – mais il est d’autant plus important de mener des examens réguliers des progrès. Le système de suivi devrait englober des entretiens périodiques avec de petits nombres de pasteurs dans la commune de Bermo, en particulier pour vérifier si les messages du projet relatifs à la commercialisation du bétail et à la réduction des risques leur parviennent et sont compris et suivis. Si le projet semble avoir réussi à générer des bénéfices accrus pour les pasteurs grâce à leurs transactions de bétail – comme le suggèrent les résultats de cette évaluation de l’efficacité – il sera important de surveiller le le moment et la manière dont ces bénéfices se traduiront en améliorations de la sécurité alimentaire ou du bienêtre des membres des ménages. Page 7